Simplifier et amplifier suite à la pandémie
Comment les besoins technologiques découlant de la pandémie ont aidé la coopération INTOSAI-donateurs à mettre en place un dialogue entre les donateurs, les partenaires et les institutions supérieures de contrôle afin d’améliorer l’aide apportée aux ISC.
La Coopération INTOSAI-Donateurs (IDC), la plateforme de collaboration de l’INTOSAI qui réunit les institutions supérieures de contrôle (ISC) des pays en développement et les fournisseurs locaux, régionaux et mondiaux de ressources pratiques et techniques et de soutien aux donateurs, a été créée en 2009. En tant que partenariat stratégique entre les ISC et les donateurs, l’IDC s’est toujours efforcé d’encourager les ISC à diriger elles-mêmes leur développement, tout en facilitant les opportunités qui aideront les ISC à survivre et à avoir un impact positif sur les systèmes nationaux de gestion des finances publiques.
Puis, bien sûr, vint l’année 2020 et l’arrivée non désirée mais inévitable d’une pandémie mondiale. Comme le reste du monde, l’IDC a dû reconfigurer ses plans et déterminer comment soutenir rapidement et efficacement les ISC les plus vulnérables. Au niveau mondial, et en partenariat étroit avec l’IDI et les membres de l’IDC qui fournissent des fonds d’urgence – notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international – l’IDC a travaillé rapidement pour sensibiliser au rôle crucial que les ISC joueraient dans les systèmes de contrôle et d’intégrité globale autour des dépenses d’urgence de COVID-19.
Pour certains pays, le maintien du soutien existant au niveau national signifiait la poursuite de la mise en œuvre des programmes existants tels que l’initiative de soutien bilatéral PAP-APP. Pour d’autres – peut-être même pour toutes les ISC – il fallait trouver des solutions innovantes pour relever les défis du passage à des systèmes numériques en ligne pour les audits, les réunions, la réception des fonds sur des comptes bancaires sécurisés et bien d’autres choses encore.
Les programmes de subvention ont permis de soutenir les ISC pendant la pandémie
Deux programmes de subvention innovants ont apporté une réponse directe et immédiate à la nécessité pour les ISC de “garder la lumière allumée” au cours de la COVID-19. La subvention PFAC de l’INTOSAI a offert un soutien immédiat pour les outils liés aux technologies de l’information et à la santé et la sécurité, tandis que le Fonds saoudien pour l’amélioration des performances des ISC (SAUDI FISP) a déboursé des fonds pour permettre aux membres de l’INTOSAI de développer et d’étendre leur infrastructure de technologies de l’information et de la communication. Les subventions peuvent être utilisées pour une série de mesures pratiques, allant de l’achat d’ordinateurs portables pour permettre au personnel de travailler à domicile à l’amélioration de la connectivité et de la sécurité des serveurs. Le PFAC a fourni jusqu’à 700 000 euros pour soutenir 52 ISC dans sept régions, avec des subventions directes accordées dans un délai de 14 mois. Le FISP, qui en est à son troisième cycle, a accordé à 59 ISC des subventions allant de 30 000 USD à 100 000 USD pour améliorer leurs équipements technologiques et leurs réseaux.
María José Mejía García, Directrice de l’ISC du Nicaragua, a remercié l’INTOSAI d’avoir ” encouragé ces initiatives visant à soutenir les ISC qui ont dû faire face à des limitations technologiques et budgétaires pour poursuivre leur travail pendant la pandémie “.
Rendre les choses plus claires et plus concises
Cependant, ce financement particulier a également donné lieu à un retour d’information intéressant pour l’IDC. Comme le financement dans les deux cas était destiné à des besoins urgents et immédiatement identifiables, l’Unité des fondations mondiales (GFU) de l’IDI a fait en sorte qu’il soit délivré par le biais d’un processus rapide et simple. Les ISC ont reçu des informations sur les possibilités de subvention dans leur propre langue. Elles connaissaient le montant qu’elles pouvaient demander et les défis spécifiques pour lesquels la subvention pouvait être utilisée. Elles connaissaient la date limite. Il y avait un formulaire simple à remplir, une aide à la rédaction de la demande et, pour la PFAC en particulier, une procédure rapide pour recevoir les fonds afin qu’ils puissent être utilisés rapidement. La réponse générale au processus de financement a été que les ISC ont apprécié non seulement les subventions elles-mêmes, mais aussi la procédure solide mais simple pour obtenir la subvention.
“Bien sûr, l’IDC a toujours cherché à rendre ses services aux ISC clairs et accessibles, mais ce retour d’information a ajouté une nouvelle dimension. C’est une question que les partenaires et les donateurs, le Comité de pilotage et le GFU ont gardé en tête tout au long de ces deux dernières années : comment la Coopération peut-elle apporter le même niveau élevé de soutien par le biais de prestations rafraîchies et revitalisées, de manière simple mais amplifiée ?”
Brynjar Wiersholm, Directeur général adjoint de l’IDI pour l’administration et le GFU.
La stratégie du PFAC et du FISP visant à améliorer les technologies de l’information a eu un impact sur plusieurs aspects de l’approche de l’IDC. Par exemple, les ISC et les membres de l’IDC fournissent depuis plusieurs années des données à la base de données sur le développement des capacités des ISC, afin d’obtenir une vue d’ensemble des projets de développement des capacités et une méthode rapide d’identification des tendances et des résultats en matière de soutien. Cette base de données nécessitait toutefois une plus grande attention, de même que la nécessité d’utiliser l’innovation numérique pour soutenir les ISC. Dans un rôle nouvellement créé, Laurent Soublin, gestionnaire de la base de données, joue désormais un rôle de guide dans la mise à jour de la base de données et collabore avec les partenaires et les ISC au sein du groupe de travail de l’IDC sur la technologie.
Les premiers succès de BUSS
L’une des plus importantes approches de simplification et d’amplification a concerné les programmes de financement anciennement connus sous le nom d’Appels mondiaux à propositions (AMP), niveaux 1 et 2. Même avant la pandémie, les enquêtes de suivi des ISC avaient déjà indiqué qu’en raison de la nature évolutive des PCG, il était difficile pour les ISC de savoir quand présenter une demande, et que la nécessité de rédiger des notes conceptuelles pouvait être accablante et décourageante, même si de l’aide était disponible pour les rédiger. Il était également évident que les ISC ne saisissaient pas pleinement la différence entre les deux niveaux du PCG.
À partir de 2022, bien que l’objectif de ces programmes existe toujours à un niveau fondamental, chacun d’entre eux a pris sa propre identité unique sous le titre “Brokerage”. Le PCG 1 est devenu BUSS – ou “Brokering Upscaled SAI Support”. Déployé sur une base régionale, il a sa propre marque en tant que “véhicule” permettant aux donateurs et aux partenaires de rencontrer les ISC. En clin d’œil au succès du PFAC et du FISP, le processus commence avec l’IDI et les ISC qui découvrent les fonds que les donateurs ont à offrir et les objectifs spécifiques qu’ils visent. Les donateurs et les partenaires peuvent se rencontrer et rencontrer les ISC pour en savoir plus sur le travail de leurs institutions supérieures de contrôle et sur la manière dont ils peuvent les aider à contribuer au bien commun.
Le lancement de BUSS s’est avéré très fructueux en réunissant physiquement les donateurs régionaux, les équipes de l’IDI soutenant l’IDC en facilitant le dialogue. Le processus BUSS est clair, concis et communiqué visuellement – et dans un laps de temps très court, il recueille déjà des résultats. Grâce à un lien établi lors de l’atelier pilote BUSS au CREFIAF en octobre 2022, l’ISC du Burkina Faso a pu établir un lien et entamer une collaboration avec la Banque africaine de développement et la Banque mondiale afin d’accroître le soutien et la défense du rôle de l’ISC auprès des autorités gouvernementales. D’autres devraient faire part de leurs réussites dans les mois à venir, à mesure que le BUSS se déplacera dans les régions, avec sa prochaine étape dans les OLACEF.
“Nous avons beaucoup apprécié les conseils et l’orientation fournis par les animateurs de l’atelier sur les relations des ISC avec les donateurs, et en particulier l’intervention des donateurs qui nous a permis de comprendre dans quels domaines ils interviennent et comment ils le font”.
M. Poda, Président de la Cour des comptes du Burkina Faso
Lancement du GSAI
Le niveau 2 du GCP, qui a été mis en œuvre par le biais du programme PAP-APP, a été redynamisé sous la forme de l’initiative mondiale de responsabilisation des ISC. Les membres de l’IDC ont identifié huit ISC qui bénéficieront d’une aide ciblée au renforcement de leurs capacités nationales, par le biais d’un soutien par les pairs, de personnes ressources, de financements, du soutien d’organisations de développement régionales et mondiales, etc. Des processus simples et des communications visuelles aident les ISC à comprendre la différence entre les diverses initiatives. Par exemple, toute ISC peut demander à monter à bord du BUSS, mais seules des ISC spécifiques sont sélectionnées pour le GSAI.
Ambassadeur de bonne volonté pour l’indépendance de l’ISC
En ce qui concerne les autres initiatives de l’IDC, le même principe de “simplifier tout en amplifiant” a également été appliqué de manière cohérente. La nomination de l’ambassadeur itinérant de l’IDC pour l’indépendance des ISC le 1er janvier 2022 en est la preuve la plus évidente. À la grande joie de tous, la Coopération a réussi à nommer la leader mondiale, la très honorable Helen Clark, au poste d’ambassadrice mondiale. Ancienne Première ministre de Nouvelle-Zélande pendant trois mandats et administratrice du PNUD pendant huit ans, Helen Clark jouit d’une stature internationale et d’une passion pour la défense de l’intégrité dans la gouvernance et la gestion des finances publiques qui n’ont pas d’équivalent.
Son message et celui de la direction de l’IDC qui la soutient sont toujours simples et puissants. Elle et d’autres membres de l’IDC ont pour objectif de permettre à chacun, des citoyens aux parlementaires et aux organisations de développement mondial, de comprendre et de soutenir l’indépendance des bureaux de leurs auditeurs généraux. Grâce à des informations et des ressources simples et amplifiées et à l’utilisation pratique de la technologie sous la forme de médias sociaux, le message se propage.
Aller de l’avant
Enfin, l’IDC partage ce message simplifié avec ses membres, ses donateurs, ses partenaires et son comité directeur. Les organes de l’INTOSAI collaborent de plus en plus étroitement avec les organisations de développement dans le domaine de l’intégrité, de la lutte contre la corruption, de la gestion des finances publiques et de la bonne gouvernance, et des représentants des dirigeants, tels que Gene Dodaro du GAO, la Banque mondiale et d’autres, ont parlé des ISC dans les médias mondiaux et par le biais de canaux influents. De plus en plus souvent, l’IDC est invité à participer à des plates-formes et à des événements avec ces partenaires, que ce soit en direct, en ligne ou de manière hybride, afin d’amplifier tous les messages par d’autres moyens et d’atteindre un public aussi large que possible.
Alors que les retombées de la pandémie continuent d’affecter les ISC et les citoyens qu’elles servent, les résultats globaux de ce changement subtil de perspective ne sont pas encore visibles dans leur intégralité. Cependant, l’IDC est déjà en mesure d’identifier des domaines significatifs où le courtage et le financement, le plaidoyer mondial, le soutien entre pairs et la fourniture de ressources fondamentales aident les ISC dans des contextes difficiles de manière directe et significative. Par-dessus tout, l’approche simple mais amplifiée qui a été mise en évidence par le FISP éclaire maintenant les principes fondamentaux du travail de l’IDC. Il s’agit, après tout, de la Coopération.
