Auteur : Toni Gillich Toni Gillich, Secrétaire de la Revue de l’INTOSAI, U.S. GAO
Le 26ème Symposium 2024 des Nations Unies (ONU)/INTOSAI a eu lieu à Vienne, en Autriche, du 16 au 18 avril 2024. Organisés conjointement par l’ONU et l’INTOSAI, ces symposiums biennaux permettent de renforcer les capacités des Institutions supérieures de contrôle des finances publiques grâce à l’échange d’expériences et d’informations spécifiques dans tous les domaines pertinents de l’audit du secteur public. Le thème de l’événement de cette année était la mise en œuvre de l’objectif de développement stratégique 13 (ODD 13) sur l’action climatique, et le rôle, les contributions et les expériences des ISC. Près de 200 participants de 80 pays de la communauté de l’INTOSAI se sont réunis pendant deux jours et demi pour discuter de manière approfondie d’un large éventail de questions liées à la réalisation d’audits contribuant à l’agenda climatique.
Le Symposium a été ouvert par la Secrétaire générale de l’INTOSAI, Margit Kraker, le Président de l’INTOSAI, le Secrétaire général adjoint au développement économique, Li Junhua, et le Président du Comité directeur de l’INTOSAI, Bruno Dantas, Président de l’ISC du Brésil.

Le premier jour, plusieurs panels ont été organisés autour du sous-thème des pratiques des ISC en matière d’audit de l’impact du changement climatique. Les discussions ont été très variées, offrant aux participants de nombreuses perspectives sur le contrôle des différents impacts. M. de Dieu Rakotondramihamina, Président de l’ISC de Madagascar, a décrit la première expérience de l’ISC en matière d’audit du changement climatique, couvrant les impacts négatifs de la pénurie d’eau et de l’érosion des sols. Benitez Aldana, de l’ISC du Paraguay, a expliqué le rôle clé qu’a joué la participation des citoyens dans un audit du climat et de la santé publique portant sur des questions très médiatisées liées aux stations-service. L’Auditeur général Klesic de l’ISC de Croatie a expliqué comment l’évaluation du plan d’adaptation croate a aidé le gouvernement croate à prendre des mesures concrètes. Par ailleurs, l’Auditeur général Gutale de l’ISC de Somalie a parlé de la création d’une unité d’audit de performance et a mis en avant des audits pilotes portant sur des questions liées au climat, telles que l’eau et les projets de récupération en cas de crise. Le Directeur général de l’ISC de l’Inde, M. Sinha, a souligné la complexité du paysage financier en matière d’atténuation du changement climatique et la nécessité d’impliquer les parties prenantes. Les présentations des ISC d’Angola, de Chine, d’Indonésie, d’Irak, de France, du Portugal et du Royaume-Uni ont abordé d’autres questions clés qui ont étayé l’évaluation globale des problèmes critiques.

Au cours de la deuxième journée, la discussion a porté sur deux sous-thèmes et a soulevé des questions importantes que les ISC doivent prendre en considération lorsqu’elles entreprennent des audits liés à la mise en œuvre de l’ODD 13. Le premier sous-thème de la journée a porté sur les conditions favorables à l’audit de l’action climatique. Le Président Bruno Dantas, de l’ISC du Brésil, a évoqué les progrès réalisés dans le cadre de l’initiative ClimateScanner et a indiqué que d’autres formations visant à renforcer la capacité des auditeurs à auditer l’action climatique et les évaluations nationales sont en cours. Les résultats de ces efforts et d’autres efforts clés seront présentés lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques qui se tiendra en novembre 2024 à Bakou, en Azerbaïdjan. Le président Duisenberg a décrit les progrès réalisés en matière d’objectifs climatiques et d’audits sur les incitations fiscales pour les voitures électriques et le stockage du carbone sous la mer du Nord visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’Initiative de développement de l’INTOSAI (IDI), l’ISC d’Égypte et l’ISC d’Allemagne ont complété la discussion avec plusieurs observations importantes.

La discussion qui a eu lieu lors d’un panel spécial sur l’audit de l’action nationale en matière de climat dans les petits États insulaires en développement (PEID) a été une source d’inspiration pour tous les participants. L’Auditrice générale Pamela Monroe, de l’ISC de Jamaïque, a mis l’accent sur les travaux d’audit en cours visant à évaluer dans quelle mesure le gouvernement est sur la bonne voie quant aux plans et actions d’adaptation au changement climatique, tout en soulignant la nécessité de disposer de davantage de données et de ressources pour soutenir les travaux supplémentaires. L’Auditeur général Niyazy a fait part de son expérience en matière d’audit climatique et a souligné les défis posés par l’audit des impacts climatiques dans les PEID, du point de vue du pays le plus bas du monde. Sans se laisser décourager par la nature intimidante des audits climatiques face à un personnel et une expertise très limités dans ce domaine, l’ISC de Saint-Kitts-et-Nevis a décrit comment l’un de ses premiers audits de performance couvre les questions climatiques et bénéficie du soutien de l’IDI. L’ISC de Sainte-Lucie a décrit les progrès réalisés en ce qui concerne les cibles de l’ODD 13 et la collaboration essentielle avec la Banque mondiale. L’IDI a apporté des perspectives supplémentaires sur le renforcement des capacités et des points pertinents concernant l’action climatique.

Le troisième sous-thème portait sur les impacts des audits sur le changement climatique. Le Contrôleur général Yalta de l’ISC du Pérou a expliqué comment son bureau s’attaque aux problèmes liés à la déforestation par le biais d’audits de conformité et prévoit des travaux futurs sur d’autres thèmes liés à l’action climatique. L’Auditeur général Macijauskas a mis en garde contre les dangers de « l’écoblanchiment », c’est-à-dire des actions qui donnent l’impression d’atteindre les objectifs de l’action climatique au lieu d’être réellement efficaces et durables. Les ISC de Bulgarie et du Canada, la Cour des comptes européenne et le Groupe de travail sur l’environnement de l’INTOSAI/ISC de Finlande ont également fait part de leurs principales observations.
La dernière journée du Symposium a commencé par un résumé de la discussion rigoureuse menée les jours précédents. Les participants ont adopté des conclusions et des recommandations sur la mise en œuvre de l’ODD 13 et sur le rôle, la contribution et les expériences des ISC, qui renforcent l’action climatique. La dernière intervenante, Åsa Persson, Directrice de recherche et directrice adjointe de l’Institut de l’environnement de Stockholm et Professeure adjointe à l’Université de Linköping, a encouragé les participants à s’impliquer dans le monde universitaire scientifique et à tirer parti des outils qu’ils utilisent pour améliorer les audits liés au climat. En conclusion, Mme Kraker et M. Le Blanc, du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, ont reconnu les défis à la fois uniques et partagés des ISC de toutes tailles et de toutes expériences, ainsi que le besoin de nouvelles méthodes, d’outils et d’expertise en vue d’atteindre les objectifs de l’ODD 13.
L’album photo complet de l’événement est disponible ici.