Congrès de l’AIPSF 2025 : Renforcer l’impact et la confiance dans le Pacifique

Cérémonie d’ouverture : Un accueil ancré dans la raison d’être
Le 26e Congrès de l’AIPSF a débuté en Nouvelle-Calédonie, accueilli par la Chambre territoriale des comptes Nouvelle-Calédonie, marquant un retour sur le site qui l’avait accueilli pour la dernière fois en 2012. Avec une forte participation de tout le Pacifique et au-delà, le Congrès s’est tenu du 26 au 29 août 2025 sous le thème “Impact de l’audit pour une meilleure responsabilité et transparence”.

Le président de la Nouvelle-Calédonie, Alcide Ponga, a accueilli les participants avec une réflexion sur le pouvoir des audits – non pas en tant que simples processus techniques, mais en tant qu’outils essentiels pour la bonne gouvernance et la confiance du public. Margit Kraker, secrétaire générale de l’INTOSAI, qui a salué les progrès réalisés par les ISC du Pacifique, tout en rappelant aux participants les défis persistants auxquels sont confrontés les petits États insulaires en développement (PEID). L’ambassadrice de France dans le Pacifique, Mme Véronique Roger-Lacan, a souligné l’importance de la coopération régionale et a remercié les ISC pour leurs efforts inlassables en faveur du bien-être économique et social des communautés du Pacifique.

Réflexions sur le discours d’ouverture : La responsabilité au-delà des frontières
Le discours d’ouverture a été prononcé par Mme Maria Fuata, directrice générale adjointe de la Communauté du Pacifique (CPS). Elle a appelé les ISC à assumer leur rôle non seulement en tant qu’auditeurs, mais aussi en tant que gardiens de la responsabilité dans le cadre plus large du développement du Pacifique. Elle a souligné que les défis d’aujourd’hui – changement climatique, transformation numérique, changements économiques – nécessitent des solutions coopératives fondées sur des cadres solides et basés sur des preuves.

Défis et solutions pour les ISC des petits États insulaires en développement
L’un des premiers grands débats du Congrès a porté sur la manière dont les petites ISC insulaires peuvent surmonter les contraintes pour se conformer aux normes d’audit internationales telles que les ISSAI. Sarah Markley, secrétaire générale adjointe de la PASAI, a animé une table ronde au cours de laquelle les dirigeants ont partagé leurs expériences et leurs stratégies.
L’auditeur général d’Afrique du Sud, Tsakani Maluleke, présidente de la commission de renforcement des capacités de l’INTOSAI, a présenté les conclusions d’un rapport sur les ISC opérant dans des contextes complexes. Elle a souligné l’importance de l’indépendance des ISC et la nécessité de réduire les obstacles informels tels que les pressions politiques et les contraintes de ressources.
Les dirigeants des ISC, Eriati Tauma Manaima (Kiribati), Imase Taai Kaunatu (Tuvalu), Thomas Holland (Papouasie-Nouvelle-Guinée), Benjamin JF Cruz (Guam) et d’autres, ont détaillé leur parcours. L’auditeur général de Kiribati, M. Manaima, a souligné le besoin de financement, de formation du personnel et de soutien technologique. L’auditeur général de Tuvalu, M. Kaunatu, a parlé de l’approche méthodique adoptée par son bureau pour renforcer l’indépendance et la résilience institutionnelle.
L’auditeur général adjoint de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Thomas Holland, a décrit la refonte de son bureau en vue de se conformer aux normes internationales des institutions supérieures de contrôle des finances publiques (ISSAI) d’ici 2020, tandis que l’auditeur public de Guam, Benjamin JF Cruz, a expliqué comment le développement du personnel, la technologie et les relations législatives ont contribué à l’amélioration de la fonction d’audit. Tuvalu a également réalisé des progrès constants, grâce à de nouveaux cadres de gestion financière et à un engagement fort en faveur du renforcement des capacités internes.

Améliorer la qualité des audits grâce à la collaboration régionale
La qualité de l’audit a été au centre de la deuxième table ronde, animée par Meresimani Vosawale-Katuba de la PASAI. Ce groupe a étudié la transition vers la norme ISSAI 140 révisée et la manière dont les ISC adoptent des systèmes de gestion de la qualité de l’audit (SoAQM).
Grant Taylor, contrôleur et auditeur général de Nouvelle-Zélande, a insisté sur la nécessité de mettre en place des systèmes axés sur le leadership, qui se concentrent sur les risques les plus élevés et favorisent l’ouverture au changement. Mme Archana Shirsat, de l’initiative de développement de l’INTOSAI, a présenté le SoAQM Playbook, un outil pratique pour les ISC qui naviguent dans les exigences de qualité, par le biais d’une présentation vidéo enregistrée.
Les participants ont partagé leurs expériences – l’auditeur général des Îles Marshall, Junior Patrick, a parlé de la flexibilité offerte par l’approche évolutive des nouvelles normes. L’auditeur général des Fidji, Finau Nagera, a décrit comment les contraintes en matière de ressources ont été résolues grâce à des partenariats externes et à un accord de jumelage avec le bureau de l’auditeur général de l’Australie occidentale. L’auditeur général de la Nouvelle-Galles du Sud, Bola Oyetunji, a souligné que les systèmes de qualité efficaces commencent par une gouvernance et un leadership solides.

L’impact de l’audit : Ajouter de la valeur aux citoyens et aux gouvernements
Le troisième jour du Congrès a été consacré à l’impact mesurable des travaux d’audit. Au cours d’une table ronde réunissant des ISC de Nouvelle-Calédonie, d’Australie, de Palau, des Îles Salomon et du Territoire de la capitale australienne, et d’une présentation vidéo d’Archana Shirsat, de l’Initiative de développement de l’INTOSAI (IDI), les participants ont fait part de la manière dont leurs audits conduisent à des changements réels.
Florence Bonnafoux, présidente de l’ISC Nouvelle-Calédonie, a expliqué comment les contributions des citoyens, par le biais de leur plateforme en ligne, aident à définir les priorités de l’audit. L’examen des frais de voyage, par exemple, est né directement des préoccupations du public.
La vérificatrice générale de l’Australie, Caralee McLiesh, a insisté sur le fait que les audits ne se limitent pas à vérifier la conformité, mais qu’ils doivent également permettre de déterminer si les agences obtiennent les résultats escomptés. L’auditeur public des Palaos, Saturnino Tewid, a présenté des exemples de réussite d’audits portant sur des projets d’infrastructure et des fonds COVID, en soulignant que l’impact avait été amplifié grâce à l’engagement des médias et à un suivi rigoureux des recommandations.
L’auditeur général des Îles Salomon, David Dennis, a qualifié les audits de “catalyseurs de changement” et a souligné l’importance de renforcer la crédibilité des petites communautés. Michael Harris, auditeur général du Territoire de la capitale australienne, a décrit comment l’engagement parlementaire – par le biais de réunions d’information régulières et de rapports d’avancement – permet d’établir un lien entre les résultats de l’audit et les préoccupations réelles du public.

Renforcer le contrôle : Les ISC et leurs relations avec les législatures
Une session séparée a abordé la relation délicate mais cruciale entre les ISC et leurs parlements. Les panélistes – dont les vérificateurs généraux d’Australie occidentale, de Victoria et de Vanuatu, ainsi que le Secrétariat général de l’INTOSAI, Margit Kraker, et Jeanette Calder, du Jamaica Accountability Meter Portal (JAMP) – ont discuté de la manière de travailler avec les assemblées législatives sans compromettre l’indépendance.
Caroline Spencer, Auditeur général de l’Australie occidentale, a exposé ses quatre principes d’engagement parlementaire : être accessible, apolitique, à l’écoute et responsable. Andrew Greaves, auditeur général de l’État de Victoria, a souligné que les ISC ne sont pas dans l’opposition, mais qu’elles contribuent de manière essentielle à la bonne gouvernance. L’auditeur général du Vanuatu, Caleb Sandy, a expliqué comment la collaboration avec le Parlement a permis de débloquer des états financiers bloqués et de procéder à des audits en retard.
Kraker, Secrétaire général de l’INTOSAI et Président de la Cour des comptes autrichienne, a réfléchi au défi que représente l’équilibre entre la coopération et la neutralité politique, tandis qu’une présentation vidéo de Jeanette Calder a illustré la manière dont le portail numérique du JAMP permet aux citoyens jamaïcains et aux comités de contrôle de combler les lacunes en matière de responsabilité.

Développement institutionnel : Stratégie, structure et partenariats du PASAI
Lors des sessions de travail, le Secrétariat du PASAI a présenté des mises à jour sur la stratégie 2024-2034 du PASAI, en mettant en avant le travail dans le domaine du développement des capacités, de la qualité de l’audit, de l’engagement des parties prenantes et de la défense de l’indépendance des ISC.
Les membres ont examiné les mises à jour de la charte de PASAI et ont participé à des ateliers qui ont ouvert des discussions sur les structures de vote et la représentation au sein du comité directeur.


L’annonce d’un nouveau partenariat de jumelage entre les bureaux de l’auditeur général d’Australie occidentale et de Fidji a constitué un événement marquant, démontrant l’engagement du PASAI en faveur de l’apprentissage par les pairs et du développement institutionnel à long terme.

Indépendance des ISC : Exploration des influences formelles et informelles
Dans un atelier dirigé par Benjamin Fuentes Castro de l’IDI, les participants ont exploré la manière dont les cadres formels et les pressions informelles affectent l’indépendance des ISC. Les discussions se sont appuyées sur la Déclaration de Mexico et ont mis en évidence des défis tels que l’ingérence politique, les récits des médias et les limites des audits de suivi. Les participants ont échangé des solutions pratiques pour préserver l’indépendance tout en maintenant des relations constructives avec le gouvernement et la société civile.


Regarder vers l’avenir : Transitions, hommages et 2026 à Nauru
Le Congrès s’est terminé par des mises à jour et des adieux. Le Département de l’audit de Nauru accueillera le Congrès de l’AIPS de 2026 et a présenté aux participants le contexte unique et l’hospitalité chaleureuse de Nauru.
Des changements de gouvernance ont également été confirmés. L’auditeur public Benjamin J.F. Cruz de Guam a été accueilli au sein du comité directeur de l’AIPSF en tant que nouveau représentant de la Micronésie, en remplacement de Junior Patrick, auditeur général de la République des Îles Marshall. L’Auditeur général Manoharan Nair de Nauru a été confirmé dans ses fonctions de Président entrant. Satrunino Tewid, Auditeur public de Palau, a terminé son mandat au sein du Comité directeur en tant que Président sortant, et a été remercié pour sa longue période de service au sein du Comité directeur.
Des adieux sincères ont été adressés à Michael Harris, auditeur général du Territoire de la capitale australienne, et à Meegan Reinhard, conseiller de longue date de l’auditeur général de Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui ont tous deux apporté une contribution durable à la communauté de l’AIPS.

Réflexions finales : Une semaine d’impact et d’échange
Dans son discours de clôture, la présidente de la Chambre territoriale des comptes de Nouvelle-Calédonie, Florence Bonnafoux, a bien résumé l’esprit du congrès : “Le Congrès du PASAI est l’occasion de partager nos pratiques et d’initier de nouvelles réflexions. Nous avons pu échanger nos points de vue sur la mise en œuvre des normes d’audit, l’amélioration de la qualité de nos travaux, le renforcement de notre crédibilité et de la confiance des citoyens”.

Après une semaine de dialogue, de collaboration et de réflexion, le Congrès 2025 de l’AAIPS s’est achevé sur une note positive. De l’impact des audits et de la gestion de la qualité aux partenariats et à la confiance du public, le Congrès a réaffirmé le rôle vital des ISC dans la mise en place d’une meilleure gouvernance dans le Pacifique. Le voyage continue à Nauru en 2026.
