RIM : la nouvelle frontière dans la mesure des recommandations de mise en œuvre

Source: Adobe Stock Images, emerald_media

L’auteur : Dr. Sutthi Suntharanurak(1)

Introduction

Dans le paysage dynamique de la gestion du secteur public, la recherche d’une plus grande responsabilité, d’une plus grande efficacité et d’une plus grande transparence est sans fin. Les mesures et les mécanismes de contrôle traditionnels, bien que fondamentaux, ne parviennent souvent pas à rendre compte des progrès continus réalisés dans la mise en œuvre des recommandations d’audit. 

Dans mon récent mémoire de recherche, j’ai posé une question simple : Comment les institutions supérieures de contrôle des finances publiques mesurent-elles la mise en œuvre des recommandations ? Le système de mesure doit fournir des chiffres concrets et mesurables, tels que des ratios, des niveaux ou des pourcentages. 

Sur la base de mes découvertes passionnantes, j’ai baptisé ce système « Recommandation Implementation Metrics » (RIM), qui comprend le taux de mise en œuvre (IR), le score d’impact (IS) et le délai de mise en œuvre (TTI). Ce système marque une évolution dans la manière dont nous comprenons et améliorons la mise en œuvre des recommandations des ISC. Le RIM fournit un cadre complet. Il permet de suivre et d’améliorer l’efficacité de ces mises en œuvre.

La motivation d’une nouvelle approche

L’apparition de l’IR (taux de mise en œuvre), de l’IS (score d’impact) et du TTI (délai de mise en œuvre) découle d’un besoin critique de dépasser la simple conformité pour parvenir à un changement significatif. Les mesures traditionnelles, souvent limitées aux taux de conformité et aux résultats binaires, manquent de profondeur pour refléter l’impact réel des recommandations et l’efficacité de leur mise en œuvre.À une époque où la confiance du public est primordiale, ces nouvelles mesures offrent un moyen de quantifier et de communiquer l’efficacité des efforts déployés pour améliorer les opérations du secteur public, en veillant à ce que les recommandations ne se limitent pas à des rapports mis sur les tablettes, mais se traduisent par des améliorations tangibles.

Mesures de mise en œuvre des recommandations (RIM)

Pourquoi RIM ? L’approche globale

La volonté de développer le RIM découle du besoin reconnu d’une vision plus continue et holistique de la manière dont les recommandations sont mises en œuvre au sein des entités du secteur public. Les mesures traditionnelles, bien qu’utiles, offrent souvent une perspective limitée, se concentrant sur la conformité sans saisir de manière adéquate l’impact qualitatif ou l’efficacité du processus de mise en œuvre. 

Toutefois, dans un climat où la responsabilité publique et l’utilisation optimale des ressources font l’objet d’une attention accrue, le RIM témoigne de l’engagement en faveur de la transparence, de l’amélioration stratégique et de l’efficacité opérationnelle.

Qu’est-ce que RIM ?

D’après mes recherches, le RIM repose sur trois piliers fondamentaux : IR (taux de mise en œuvre), IS (score d’impact) et TTI (délai de mise en œuvre).

Dans le monde réel, nous pourrions mesurer le succès de l’ISC à travers la confiance du public, l’acceptation des entités d’audit et d’autres parties prenantes. Nous pourrions trouver des indicateurs tels que le taux de mise en œuvre, la mesure de l’impact d’audit, voire le calendrier de mise en œuvre. 

Taux de mise en œuvre (IR)

Le taux de mise en œuvre (IR) quantifie le pourcentage de recommandations qui ont été pleinement mises en œuvre dans un délai donné, offrant ainsi une mesure directe de la conformité et de la réactivité. Prenons l’exemple d’un scénario dans lequel l’ISC émet trois recommandations.

  • Recommandation 1 : L’entité d’audit devrait améliorer les procédures de passation de marchés afin de réduire les coûts.
  • Recommandation 2 : L’entité d’audit devrait mettre en œuvre un nouveau système informatique afin de renforcer la sécurité des données.
  • Recommandation n° 3 : l’entité d’audit devrait élaborer et mettre en œuvre une politique d’audits financiers réguliers.

Attribution de valeurs au taux de mise en œuvre (IR) Ce taux est calculé sur la base du pourcentage de recommandations qui ont été entièrement mises en œuvre. Par exemple :

  • Recommandation 1 : entièrement mise en œuvre
  • Recommandation 2 : partiellement mise en œuvre (considérée comme non entièrement mise en œuvre pour le calcul de l’IR)
  • Recommandation 3 : entièrement mise en œuvre

Calcul du taux de mise en œuvre (IR) : 2 recommandations sur 3 ont été entièrement mises en œuvre, l’IR est donc de 67 %. L’objectif du taux de mise en œuvre est de mesurer le pourcentage de recommandations qui ont été entièrement mises en œuvre dans un délai donné.

L’ISC pourrait établir des critères et élaborer une définition de la notion de « mise en œuvre intégrale ». Elle pourrait également définir clairement ce qui est considéré comme « pleinement mis en œuvre ». Il pourrait s’agir de critères tels que l’achèvement de toutes les actions suggérées, la réalisation des objectifs ou l’obtention de résultats spécifiques. 

L’ISC pourrait fixer un délai standard pour la mise en œuvre des recommandations. Ce délai pourrait varier en fonction de la nature de la recommandation (par exemple, court terme ou long terme). Elle pourrait déterminer comment les recommandations et l’état de leur mise en œuvre seront suivis. Il peut s’agir de rapports réguliers sur les progrès réalisés par les entités auditées ou d’audits de suivi.

Score d’impact

La deuxième mesure, le score d’impact, attribue une valeur qualitative à chaque recommandation en fonction de son potentiel d’amélioration de l’efficience, de réduction des déchets ou d’amélioration de l’efficacité. Elle permet de comprendre l’importance de chaque recommandation. Le score d’impact (IS) représente la mesure du Poids du changement.

Il est essentiel de comprendre l’impact de chaque recommandation pour hiérarchiser les efforts et les ressources. Le score d’impact attribue une valeur qualitative, généralement sur une échelle de 1 à 5, à chaque recommandation en fonction de son potentiel d’amélioration de l’efficience, de réduction du gaspillage ou de renforcement de l’efficacité. 

Le score d’impact (IS) est similaire à la notion d’impact de l’audit. Cette mesure exige que les auditeurs quantifient la mesure dans laquelle chaque recommandation, lorsqu’elle est mise en œuvre, influence l’entité auditée. Des notes distinctes sont attribuées à chaque recommandation afin de refléter les différents degrés d’impact. Par essence, le système de notation ne traite pas toutes les recommandations de la même manière.

Au départ, les scores sont désignés sur une échelle de 1 à 5, 1 représentant un impact minimal et 5 un impact maximal. Prenons l’exemple d’une entité qui a déjà fait l’objet d’un audit : l’auditeur constate que la mise en œuvre de la première recommandation a un impact de niveau 2. La deuxième recommandation, si elle était mise en œuvre, aurait un impact de niveau 5, tandis que la troisième recommandation enregistre un impact de niveau 3.

Par conséquent, le total des scores d’impact attendus pour cet audit s’élève à 2 + 5 + 3 = 10. Cependant, les scores d’impact réels obtenus sont de 2 + 0 + 3 = 5 (dans ce scénario, l’entité n’a pas mis en œuvre la deuxième recommandation, et aucun impact n’en découle). Cet exemple montre que l’entité auditée a réalisé un impact représentant 50 % des scores d’impact attendus, soit 5/10.

Score d’impact réel < prévu (score d’impact) (1)

D’après l’équation (1), l’établissement de l’impact de l’audit ou des scores d’impact est essentiel pour les ISC, car il quantifie la mesure dans laquelle leurs recommandations ont facilité des changements substantiels au sein des entités contrôlées. Par conséquent, l’ISC devrait améliorer le score d’impact réel (IS) par rapport au score d’impact escompté ou E(IS).

Délai de mise en œuvre (TTI)

Le délai de mise en œuvre mesure la rapidité de la réponse, en calculant le temps moyen écoulé entre l’émission d’une recommandation et sa mise en œuvre complète. Cette mesure met en évidence l’efficacité et la souplesse du processus de mise en œuvre.

Le délai de mise en œuvre (TTI) indique le temps moyen écoulé entre l’émission et la mise en œuvre déclarée des recommandations. À titre d’exemple ; 

  • Recommandation 1 : mise en œuvre dans les 6 mois. 
  • Recommandation 2 : la mise en œuvre a commencé mais n’est pas achevée ; la durée actuelle est de 8 mois. 
  • Recommandation 3 : mise en œuvre en 9 mois. 

Calcul du TTI moyen : (6 + 9) / 2 = 7,5 mois (seules les recommandations entièrement mises en œuvre sont prises en compte).

Contributions des IR, IS et TTI

Ensemble, ces outils offrent plusieurs vues de l’avancement de la mise en œuvre. Le délai de mise en œuvre (TM) renforce la responsabilité en fournissant un taux de conformité clair ; le score d’impact (IS) assure une orientation stratégique en soulignant l’impact des recommandations, et le délai de mise en œuvre (TTI) souligne l’efficacité en suivant la rapidité de la mise en œuvre. Ensemble, ils renforcent la transparence, éclairent la prise de décision stratégique et facilitent une approche plus dynamique et plus réactive de l’amélioration du secteur public.

La contribution du RIM : améliorer les performances du secteur public

Le RIM contribue au secteur public de plusieurs manières :

  • Prise de décision éclairée : Ensemble, les composantes du RIM offrent une vision multidimensionnelle du processus de mise en œuvre des recommandations, ce qui permet aux ISC et aux entités qu’elles auditent de prendre des décisions plus éclairées.
  • Renforcement de la responsabilité : En fournissant une mesure transparente et quantifiable de la mise en œuvre des recommandations, le RIM renforce la responsabilité des entités du secteur public à l’égard des ISC et du public.
  • Amélioration stratégique : La composante IS veille à ce que les recommandations ayant l’impact potentiel le plus élevé soient classées par ordre de priorité, ce qui permet d’orienter l’affectation des ressources et les efforts stratégiques.
  • Efficacité opérationnelle : Le TTI met l’accent sur l’efficacité du processus de mise en œuvre, en encourageant les entités à rationaliser leurs procédures et à réduire les retards bureaucratiques.

Conclusion

En résumé, le RIM constitue un ensemble de paramètres transformateurs susceptibles de marquer le début d’une nouvelle ère en matière de responsabilité et d’efficacité du secteur public. En adoptant le RIM, les institutions supérieures de contrôle des finances publiques et les entités auditées peuvent s’assurer que les recommandations ne se limitent pas à de simples suggestions, mais qu’elles se transforment en améliorations tangibles et efficaces. Cette approche globale met l’accent sur l’engagement en faveur de l’excellence. Elle propulse les entités du secteur public vers un avenir marqué par une transparence, une efficacité et une croissance stratégique accrues.

Notes de bas de page
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